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Destinées
--> chapitre 1.
Nalia ! Nalia !
La jeune fille, tournant la tête, aperçu sa mère, une belle femme brune, vêtue d'une tunique violette, qui lui faisait des grands signes de la main.
La femme commença à avancer vers Nalia, lentement, très lentement... Puis, tout à coup, elle s'arrêta, essaya de faire un pas, mais elle ne pût bouger d'un centimètre, comme si ses pieds étaient collés au sol. Soudain, la terre se mit à trembler, le sol se déchira... et Soléna tomba dans une crevasse béante.
- Naliaaaaa…
- Non ! Maman !

- Nalia ! Nalia ! réveille-toi !
La jeune fille, brusquement arrachée à son cauchemard, ouvrit les yeux et regarda lentement autour d’elle. Même avec sa vue exceptionnelle, Nalia ne parvint pas à percer les ténèbres qui régnaient dans l’habitation. Elle sentit un mouvement à côté d’elle et, se retournant, devina la silhouette de son frère aîné, Norian. Il était agenouillé près d’elle.
- Tu as fait un cauchemard, déclara-t-il.
- Toujours le même, toutes les nuits, depuis deux semaines. Depuis…
- Je sais, interrompit Norian. Je préfère ne pas en parler. Mais si tu as besoin de moi, dis-le, d’accord ?
Nalia ne put s’empêcher de sourire, malgré sa tristesse. Depuis la mort de leurs parents, Norian avait adopté une attitude protectrice envers ses cadets qui avait parfois tendance à devenir étouffante. Mais Nalia savait que c’était pour leur bien et évitait de faire la moindre remarque. Son frère souffrait autant qu’elle, sinon plus, et maintenant que le couple royal, leurs parents Soléna et Markino avaient disparus, c’était sur lui que reposait le peuple de Elfes. Et, du haut de ses seize ans, le nouveau roi avait encore bien du mal à se faire respecter.
Norian se recoucha et se rendormit aussitôt. Nalia se tourna de l’autre côté, observa un moment la forme inerte de son petit frère Kimélian, qui dormait profondément, puis s’allongea à son tour et se mit à réfléchir.
Après le tremblement de terre qui avait détruit une bonne partie du royaume, les travaux de reconstruction avaient commencé et la vie reprenait lentement son cours… Sauf pour Norian, qui avait été promut à un poste qu’il ne connaissait pas et dont il avait de mal à assumer les fonctions. Nalia et Kimélian le secondaient de son mieux, mais ils étaient encore tous les deux des enfants, âgés respectivement de quatorze et dix ans. Heureusement pour eux, le peuple ne se rebellait pas et était resté fidèle à sa famille royale…
Nalia se mit soudain à pleurer… « Pourquoi ? pensa-t-elle, pourquoi a-t-il fallut qu’ils restent sur les lieux du tremblement de terre, alors que tout le monde se sauvait dans les arbres ? » Elle connaissait la réponse, qui la révoltait : le roi et la reine devaient superviser l’évacuation du village et ils ne fuyaient qu’une fois tous les autres grimpés dans les plates-formes fixées aux arbres, qui étaient prévue en cas de danger. Nalia essaya de se calmer. Elle repris lentement sa respiration, essayant d’interrompre le flot de larmes qui coulaient sur ses joues et humidifiaient le drap de laine sur lequel elle se reposait. Puis, n’y tenant plus, elle s’essuya rageusement les yeux d’un revers de main, se leva précautionneusement pour ne pas réveiller les deux autres et sortit prendre l’air. La jeune fille contourna l’habitation, qui était installée entre quatre arbres qui formaient des piliers et s’approcha du plus grand du carré, un chêne massif qui devait avoir une centaine d’année et semblait mesurer plus de trente mètres de haut. La princesse sauta en tendant les bras le plus haut possible, mais retomba aussitôt. A force de bondir dans l’obscurité, elle trouva ce qu’elle cherchait. Elle agrippa l’échelle en cordes fines qui pendait, accrochée à une branche basse et se hissa souplement dans le noir. La jeune fille arriva bientôt à une solide plate-forme , installée entre les branches entrecroisées des quatre arbres qui entouraient l’habitation. Elle se hissa par une ouverture pratiquée au milieu et respira un moment l’air frais, qui finit de la calmer. Puis, s’accrochant à une branche, elle continua son ascension. L’adolescente trouva bientôt une fourche formée par deux fortes branches, y grimpa et s’assit confortablement, la tête appuyée dans un creux garni de mousse. Ainsi installée dans son refuge, elle attrapa une corde fine attachée à une branche un peu plus haute et fit un nœud solide autour de sa taille : elle ne pouvait se permettre de risquer une chute de quinze mètres au moindre mouvement. Puis, une fois blottie au creux des branches, la jeune fille ferma les yeux et, faisant le vide dans son esprit, respira lentement et régulièrement, détendant tous les muscles de son corps. Elle s’endormit bientôt, sereine, bercée par le doux sifflement de la brise entre les feuilles du grand chêne.
- Nalia ? Nal’, où es-tu ? Nalia, montre-toi !
La jeune Elfe se frotta les yeux et secoua la tête, pour chasser le sommeil qui engourdissait ses sens. Se penchant entre les branches, elle sourit : Norian se tenait devant l’habitation et la cherchait. La jeune fille rit doucement : une idée venait de lui traverser l’esprit. Tout en échafaudant son plan, elle déroula plusieurs mètres de la corde qui la maintenait à l’arbre, défit le nœud autour de sa taille de façon à pouvoir descendre. Nalia s’accrocha à la corde et regarda en bas. Son frère était juste en dessous d’elle. Elle s’assit sur la fourche, maintint la corde entre ses jambes, et, prenant son élan, se laissa glisser silencieusement. Elle atterrit souplement en bas de l’arbre et s’apprêta à sauter par surprise sur son aîné, quand celui-ci se retourna et maugréa :
- C’est très drôle ! Je t’ai entendu venir depuis un moment. Quand cesseras-tu ces jeux stupides ? Il serait tant que tu devienne calme et réfléchie, comme les autres, au lieu de rester turbulente comme une enfant ! N’oublie pas ton rang ! Tu es une princesse, tu te doit de montrer l’exemple ! J’étais terriblement inquiet ! Où étais-tu ?
Nalia soutint effrontément le regard de son frère et répondit sèchement :
- J’était à quinze mètres au-dessus de ta tête, et figure-toi que tu m’as réveillée. Et, de plus, ça m’étonnerais fort que tu sois « terriblement inquiet ». Je pense simplement que tu avais envie de te défouler sur quelqu’un et que tu avais un bon prétexte pour me rabrouer.
Norian fronça ses fins sourcils bruns et répliqua sèchement :
- En tout cas, tu n’es pas autorisé à me parler sur ce ton.
Il regarda la tunique grise qui descendait jusqu’aux genoux , les brindilles dans les cheveux et les pieds nus et poussiéreux de sa sœur et continua :
- Va te changer ! Je ne veux pas que les autres te vois dans cet état.
- C’est déjà fait ! fit sardoniquement Nalia en montrant du doigt un groupe d’ Elfes, qui, réveillés par les cris, étaient sortis pour assister à la scène. En entendant la réplique de la jeune fille, ils rirent doucement et rentrèrent chez eux. Ils connaissaient bien ce qui allait se passer. Ce genre de scène se déroulait sous leurs yeux presque tous les jours et la plupart savaient à quoi s’en tenir quand à Nalia. Elle était gentille, avait un cœur d’or, mais sa perpétuelle insolence la rendait différente.
La jeune fille dit d’un ton sarcastique :
- Et bien, puisque vous semblez tellement apprécier ma présence, Votre Majesté, je vais m’empresser de déguerpir. Au revoir, Altesse !
Esquissant une révérence volontairement malhabile, elle fit un pied de nez à son frère et s’en alla en sifflotant vers l’habitation familiale. Là, elle écarta le rideau de feuilles qui cachait l’entrée et avança. L’abris était formé, comme tous les autres, de quatre cloisons de feuilles et d’herbes entrelacées et fixées aux quatre arbres, qui maintenaient le tout en place. Un toit de branchage était posé par-dessus la construction et, plus haut, une plate-forme qui servait à fuir un quelconque danger mais aussi, le plus souvent, à prendre l’air à l’ombre des branches. L’ameublement de l’abris était simple, mais harmonieux et soigné. Des planches fixées aux branches qui dépassaient des cloisons servaient d’étagères où reposaient des bibelots ou des objet utilitaires, une nacelle de cordes et de feuilles fixée au plafond et où reposaient divers vêtements, un foyer pour allumer le feu ( une ouverture avait été pratiquée dans le toit pour laisser passer la fumée), une fosse peu profonde qui servait de réserve à nourriture, le plus souvent protégée par une natte de fins rameaux, à l’abri des écureuils et autres animaux forestiers. Ca et là, des draps de laine grise qui servaientt de lit, et un espace réservé strictement à chaque personne vivant dans l’habitation. Ces endroits étaient délimités par des cloisons de branches et servaient à celui ou celle qui voulait trouver un peu de calme et d’intimité. Nalia entra dans le sien, un petit carré de deux mètres de côté environ, s’assit sur une natte prévue à cet effet. Elle se déshabilla, enfila rapidement une jolie tunique bleu ciel très moulante qu’elle avait tissée elle-même, ouvrit un petit coffre à bijoux en ébène garnis de coquillages et en sortit une chaîne en or où était accroché un pendentif représentant un petit soleil doré. Un présent d’un prince étranger, à l’occasion de son anniversaire. La jeune fille l’accrocha autour de son cou et attrapa le petit miroir qui se trouvait au fond du coffret. C’était son trésor le plus cher, un cadeau de sa mère, le dernier.
Ravalant ses larmes, la jeune fille admira son reflet. Elle sourit tristement à l’Elfe brune, aux yeux couleur d’océan pendant la tempête, un vert bleu profond, et aux traits fins, aux lèvres rouges et attirantes, à la taille fine et aux mains habiles. Elle massa doucement le bout de ses oreilles pointues. Pas de doute possible, elle était bien une Elfe du Royaume de l’Est. Une princesse. Elle natta ses longs cheveux de jais, décora sa coiffure d’un ruban bleu assortit à sa robe, de quelques fleurs qu’elle devinait être arrivées là par les soins attentifs mais discrets de son petit frère, enfila ses sandales de cuir brun et, une fois prête sortit lentement de l’abri.
Elle grimpa sur la plate-forme où elle trouva son jeune frère Kimélian, assis en tailleur, qui croquait dans une pomme. Il désigna du menton un panier dans lequel reposait plusieurs fruits mûrs à souhait, et dit entre deux bouchées :
- Norian est allé chercher ça au verger, il faut que tu mange. Il va revenir et il a dit qu’il devait nous parler.
Nalia grimaça. En se réveillant, elle avait toujours mal au cœur et le simple fait de voire de la nourriture lui donnait envie de vomir. Sous le regard insistant du petit garçon, qui essayait de se comporter comme l’aîné de cette sœur au comportement puéril, elle prit à contrecœur un des fruits, s’assit à coté de son frère, et grignota la nourriture du bout des dents.
- Vous vous êtes encore disputés ? demanda Kim en la regardant d’un air soupçonneux.
- Ca te regarde ? répondit sèchement la jeune fille. Elle réprima un haut le cœur, et, incapable de manger d’avantage, jeta la pomme à peine entamée par-dessus son épaule. On entendit un cri étouffé, un bruit de dégringolade. Les deux enfants se précipitèrent au bord de la plate-forme et Nalia se mit à rire. Norian était accroché par une main à l’échelle, et de l’autre, il tenait la pomme, un peu abîmée, qu’il venait de recevoir sur la tête.
- Nalia, combien de fois t’ais-je dis de ne pas jeter la nourriture ? C’est dangereux, j’ai faillis tomber !
La jeune fille s’apprêtait à répliquer, mais elle remarqua que son frère souriait, et qu’il ne paraissait pas fâché. Le jeune homme finit de se hisser sur la plate forme et se rit :
- Tu t’acharne contre moi, aujourd’hui !
Il s’assit à côté des deux plus jeunes et se racla la gorge :
- Je dois vous dire quelque chose : cela fait maintenant deux semaines que… l’accident… s’est produit, et je voudrais savoir comment se passe la reconstruction, dans les autres villages. J’aimerais que vous fassiez une petite tournée d’inspection. Juste dans les communautés alentours, pour interroger les chefs sur les dégâts. Je dois rester aux Ajoncs , mais je voudrais quand même avoir des nouvelles. Vous passerez par les principales communautés : les Lys, la Rivière aux Roseaux, le Pic , la Roche aux Trois Grottes, et enfin, Sables Blancs. Hier, j’ai envoyé un messager pour prévenir les chefs de votre arrivée afin qu’ils vous préparent un logement. Pour les Lys, pas de problème, je pense que notre cousine Maïly vous acceptera, elle sera contente de vous revoir. Au Pic, il y a les parents de son mari, qui vous recevront sans problème, et, dans les autres villages, je pense que vous avez assez d’importance pour que l’on vous loge confortablement. Je voudrais que vous partiez dans la semaine qui suit. Nous sommes au milieu du mois de septembre, et il faut profiter du beau temps. Vous avez compris ?
Nalia leva la main, comme lorsque, de cinq à douze ans, elle allait rendre visite, avec son groupe, à leur instructeur. Norian hocha la tête pour l’inviter à prendre la parole. Nalia commença :
- Tu connais mes amis, les jumeaux Ilféna et Jonaco, tu pense qu’on pourrais les emmener ? Ils adorent voyager, et se serais plus drôle pour nous, d’avoir de la compagnie.
Le jeune roi parut réfléchir. Il joua un moment avec une mèche de ses cheveux bruns et décida :
- Je veux bien, tu organise ton voyage comme tu veux, mais qu’ils préviennent leurs parents avant de partir.
Nalia embrassa son frère sur les deux joues et déclara :
- Je vais les voir, ils doivent être en train de cueillire des pommes au verger.
Elle descendit à toute vitesse par l’échelle et disparut. Norian se leva à son tour, s’étira et dit :
- Kim, il est temps que tu partes chez ton instructeur !
Sans attendre de réponse, il dégringola à son tour de l’arbre avec toute la dignité qui seyait à son rang et partit rejoindre ses conseillers. Le petit garçon soupira, puis alla rejoindre son groupe d’un pas traînant. L’instructeur était en train de les faire rentrer dans son habitation, qui servait de classe, et, quand le prince passa, le vieil Elfe le salua avant de fermer la porte.
Ecrit par Cassandra qui devrait mettre en gras toutes ses "Destinées", le Lundi 19 Mai 2003, 10:49 dans la rubrique Textes de Cass.