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Destinées
--> Chapitre 2
Nalia marchait rapidement le long du sentier qui traversait la forêt. Elle franchit un petit ruisseau en marchant sur un pont de cordes fixé à deux arbres et arriva bientôt dans un grand espace défriché, où des arbres fruitiers avaient été plantés quelques années plus tôt. Elle dépassa le coin des groseilliers, dont les baies venaient d’êtres récoltées, et se dirigea vers un grand ensemble de pommiers, au moins une trentaine. Elle salua quelques Elfes, qui étaient occupé à récolter les fruits, et s’approcha d’une femme blonde et élancée, qui lui sourit :
- Bonjour, Solatia, tes enfants sont là ?
- Les deux galopins doivent être à la maison, Nalia. Je leurs ai demandé de me rapporter des paniers supplémentaires, le mien est presque rempli.
Elle désigna du menton une large nasse dans laquelle étaient entassées de grosses pommes rouges et appétissantes.
- Je vais aller les aider, si tu veux, je peux rapporter ton panier au village, pour en déposer le contenu à la réserve.
- Ce serais gentil de ta part, ma petite. Tu pense bien que Jonaco, en partant, ne me l’a même pas proposé ! De mon temps, ils auraient été réprimandés !
- De ton temps ! Tu n’est pas si vieille, Sola ! protesta le jeune fille en souriant à celle qui s’était si souvent occupé d’elle quand, petite, elle ne pouvait rester avec ses parents, débordés par les multiples dossiers qu ‘ils avaient à gérer. L’autre rit et ajouta :
- Nous avons de la chance d’avoir une princesse comme toi… Au fait, Norian m’a dit qu’il avait fait des projets pour te marier, maintenant que tu es grande…
Nalia sentit une vague de colère monter en elle. D’ordinaire, les princesses Elfes choisissaient leurs époux elles-mêmes, avec l’accord de leurs parents, et pouvaient se marier dès quatorze ans si elles le désiraient, mais il arrivait parfois que les parents veuillent conclurent des alliances avec l’un des trois autres royaumes. La jeune fille serra les poings, mais se contint. Elle demanda, très interressée :
- Et avec qui veut-il me fiancer ?
- Le prince du royaume Sud lui paraît un choix intéressant, il a le même age que toi et il a déjà envoyé un messager.
- Le prince du… Ne me dis pas qu’il veut me voire épouser cet idiot de Kanroen !
- Je pense que si… balbutia la femme, étonnée du ton de la princesse.
- Il va m’entendre, le roi ! grommela Nalia en calant le panier sous son bras. Elle adressa un signe de la main à Solatia et partit en courant vers les habitations. Elle parvint bientôt à la grande clairières où étaient installées, en cercle, les cinquante abris familiaux, se dirigea vers la réserve, un grand bâtiment en bois, et y déposa le panier plein de pommes. Puis, elle se rendit d’un pas vif devant la hutte où se réunissaient les conseillers et le roi et entra sans prévenir. Elle trouva quatre hommes d’âge mûr et son frère, assis en cercle autour du foyer éteint, discutant de divers problèmes. Tous, et surtout Norian, pâlirent en la voyant rentrer en coup de vent.
- Qui t’as autorisé à rentrer ? interrogea le roi, fort en colère.
- Qui t’as autorisé à me marier au premier venu ! répliqua Nalia en s’approchant, menaçante.
Norian recula instinctivement, craignant que sa sœur se montre violente, ce qui lui arrivait parfois quand on entravait ses mouvements ou quand on la privait de cette liberté dont elle semblait avoir tant besoin, surtout en ce moment. Mais les quatre conseillers restèrent de marbre, près toutefois à protéger leur seigneur si les choses tournaient mal.
- Qui t’as dit que je voulais te marier ?
- Solatia, la mère des jumeaux, m’a déclaré que tu lui en avait parlé. Et que tu avais déjà envoyé un messager dans le sud !
- C’est vrai, et alors, je pensais que tu serais contente ! cria Norian.
- Tu devais me demander mon avis ! répliqua Nalia.
- Je DEVAIS ! Depuis quand est-ce que tu me dis ce que je dois faire ! Je suis le roi, tu dois m’obéir !
Nalia, s’étant calmée, respira lentement avant de dire sèchement :
- Si tu te comporte ainsi envers tes sujets, tu ne seras plus un souverain. Tu seras un tyran !
- Un tyran ! s’insurgea son frère, je te signale que je pense à ton bonheur et à ton avenir !
- Puisque c’est mon avenir, demande moi ce que j’en pense !
- Ha, voilà ! Et qu’en pense-tu ?demanda le garçon en croisant les bras, moqueur.
- Je crois que Kanroen est un imbécile, et que tu n’est pas mieux que lui !
Norian resta sans voix en entendant l’insulte. Une insulte directe, en plus. D’une sœur à son frère, d’une princesse à un roi. Inconcevable ! Sauf quand la princesse avait pour nom Nalia ce qui, en Elfique, signifiait Liberté. Norian comprit rapidement qu’il ne pourrais jamais obliger sa sœur à faire quelque chose d’aussi important contre son gré et décida de céder, du moins pour l’instant :
- Soit… Fait ce que tu veux…
- Merci ! fit sèchement Nalia avant de s’en aller.
Une fois qu’elle eut franchit le seuil de l’abris, elle soupira. Enfin une affaire de réglée ! Comment Norian avait-il pût oser prendre cette décision sans son consentement ?
Quand enfin la jeune fille fut partit, Norian se tourna vers ses conseillers et rit nerveusement :
- Ma sœur porte bien son nom !
Nalia, encore écumante de rage, fit quelques pas hors de l’abri, et entendit des rires étouffés. Les Elfes avaient l’ouïe fine, et Nalia plus que tout autres. Elle contourna la construction, et se retrouva face à face avec deux jeunes gens de son âge, légèrement plus petits, aux cheveux blonds et aux yeux bruns.
Quand ils la virent s’approcher, Ilféna et Jonaco cessèrent de rire et la princesse demanda ironiquement:
- Puis-je savoir ce qui vous amuse à ce point ?
- Oh, Nal’, comment oses-tu crier ainsi sur ton frère ? C’est contre ton rang !
- Mon rang, toujours mon rang… C’est toi qui devrait être princesse à ma place ! Est-ce que tu te rends compte que cet imbécile voulait me fiancer à Kanroen ? répliqua Nalia en souriant. Les trois jeunes gens se mirent à marcher et la jeune fille raconta aux jumeaux la façon dont elle avait appris la nouvelle.
- Ta réaction ne m’étonne pas, j’aurais fait la même chose à ta place… sans crier… et l’esprit plus calme… déclara Ilféna.
- C’est parce que tu n’ose pas contredire ton roi, Ilfy. Et heureusement, d’ailleurs, ce serait le meilleure moyen de mener ce pays à la destruction ! Pour moi, ce n’est pas pareil, Norian est mon frère, et il est normal que l’on se dispute de temps à autres .
- De temps à autres, c’est à dire tous les jours… répliqua Jonaco, d’un air réprobateur.
Les enfants arrivèrent bientôt au verger, quand soudain Ilféna se frappa le front avec la paume de la main :
- Les paniers, nous avons oublié !
Elle allait repartir, quand son amie la retint par le bras et déclara :
- Laisse tomber, j’y vais !
Et Nalia se mit à courir vers le cercle d’habitations. D’une manière générale, les Elfes sont agiles, et rapides. Nalia, elle, pouvait courir plus vite que n’importe quel champion, sans s’essouffler le moins du monde. Cela avait d’abord étonné son entourage, puis on s’y était habitué, de la même manière qu’à son caractère original, et, comme la jeune fille adorait rendre service, on l’employait souvent pour des travaux de rapidité. C’est ainsi que Nalia courait, courait, sans s’arrêter jusqu’au village. Elle entra en trombe dans l’habitation de ses amis, prit une pile de panier d’osier qui étaient entassés dans un coin, et repartit aussi vite que possible. Cinq minutes après son départ du verger, elle revenait et tendait les corbeilles à Solatia, qui la remercia, et les trois enfants repartirent se promener. Nalia parla à ses amis du voyage qu’elle allait entreprendre.
- Un voyage, et pour aller où ?
- Je dois inspecter les villages les plus proches, pour juger des dégâts du tremblement de terre, expliqua la jeune fille.
- Moi, j’adorerais venir ! lança Jonaco.
Ilféna réfléchit un moment. Elle était plus calme que son frère, et prenais toujours le temps de réfléchir avant de dire quoi que ce soit, comme la plupart des Elfe, surtout les filles, commençait à le faire à cet age. Nalia était une des rares exceptions, et son comportement, que beaucoup jugeait infantile, exaspérait son frère. C’était lorsqu’elle se faisait rabrouer par son aîné que la jeune fille regrettait le plus ses parents, toujours si gentils, si patients … Cela leur était égale, que leur fille ne soit pas aussi sage et calme que les autre, au contraire, ils en étaient même ravis ! « Tu as une vrais personnalité », lui disait sa mère…
- Moi aussi, j’aimerais bien t’accompagner, mais…
- Mais ?
- Et bien, maman ne voudra peut-être pas et… heu…
- Cesse de t’inquiéter, Ilfy ! coupa Jonaco. De toutes façons, je suis sûr que Nalia arrivera à la convaincre.
- C’est normal, Nalia a un statut très important, maman ne pourra rien lui refuser. Mais c’est vrai, je pense que finalement, elle voudra bien, trancha la jeune fille en souriant à la princesse.
- Je tâcherais d’aller la voire ce soir pour la convaincre, et demain, en route !
- DEMAIN ! cria Jonaco en sursautant ! C’est court, comme délai !
- Je n’ai pas envie d’avoir Norian dans les jambes plus longtemps. J’en ai assez de le voire prendre des décisions à ma place ! expliqua Nalia en serrant le poing.
- Ne crois-tu pas que, si tu pars, il en profitera davantage ?
- Au moins, je serais bien tranquille ! explosa Nalia. Sans ses « je te l’avais bien dit », sans ses remarques désobligeantes, ses ordres, qu’il me donne en pensant que je vais tout faire, et surtout, surtout, ses conseillers, ces hommes vieux et sages, qui l’embobinent et font complètement changer son comportement ! Ils vont le changer en automate !
- Calme toi, Nalia ! Et que veux dire le mot « automate » ? Ce n’est pas de l’Elfique ! dit Ilféna en lui prenant le bras d’un geste apaisant.
- « Automate » ? Quel est ce drôle de mot ? interrogea la princesse en fronçant les sourcils.
- Mais… Tu l’as toi même prononcé il y a quelques instants ! Tu disais les conseiller allaient transformer ton frère en … automate…
Nalia haussa les épaules et murmura :
- C’est sortit sans que je ne m’en rende compte.
Puis, ses traits se radoucirent et elle murmura en regardant au loin, en un point indéterminé dans les sous bois :
- Et puis, il faut que je parte. J’ai la conviction qu’il va se passer quelque chose. Loin, très loin d’ici. Et il faut que j’y participe…
Plongée dans sa rêverie, le regard fixé, au loin, sur un objet invisible, connu d’elle seule, la princesse ne remarqua pas le regard inquiet que se lançaient les jumeaux.
Elle sourit doucement et déclara, comme si de rien n’était :
- Nous sommes bientôt arrivés aux habitations. Le soleil est haut dans le ciel, si vous voulez, nous mangerons à trois sur la plate-forme.
Les jumeaux, surpris par ce soudain revirement, acquiescèrent lentement. Ils échangèrent un regard entendus, et se laissèrent mener jusqu'à la clairière.
Ecrit par Cassandra, le Lundi 19 Mai 2003, 10:50 dans la rubrique Textes de Cass.