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Destinées
--> Chapitres 4,5,6
Nalia ! Nalia !
La jeune fille, tournant la tête, aperçu sa mère, une belle femme brune, vêtue d'une tunique violette, qui lui faisait des grands signes de la main.
La femme commença à avancer vers Nalia, lentement, très lentement... Puis, tout à coup, elle s'arrêta, essaya de faire un pas, mais elle ne pût bouger d'un centimètre, comme si ses pieds étaient collés au sol. Soudain, la terre se mit à trembler, le sol se déchira... et Soléna tomba dans une crevasse béante.
- Naliaaaaa…
- Non ! Maman !

La jeune fille sursauta. Elle s’appuya sur ses avant bras et regarda autour d’elle. Nalia était seule, allongée sur un tapis de feuilles. Elle voyait trouble et avait mal à la tête. Elle voulu porter les mains à son crâne, mais, quand elle plia le bras, elle dû se mordre les lèvres pour ne pas crier de douleur. Nalia examina prudemment ses membres et poussa une exclamation : elle était entaillée profondément au niveau du coude et saignait abondamment. Avant qu’elle n’ai pu faire un mouvement, sa blessure se mit à se modifier. Elle rétrécit, cessa de saigner, continua de se résorber, et finalement disparut, sans laisser la moindre marque. Nalia stupéfaite, examina son coude sous toutes les coutures, le plia et le déplia plusieurs fois, lui fit faire quelques étirements. La première surprise passée, elle se mit à réfléchir :
- Aucune plante ne peut soigner une plaie de cette envergure en si peu de temps! Ce doit être de la magie… C’est impossible. Tout le monde sait que l’ancienne magie a disparut depuis longtemps, maintenant qu’il n’y a plus aucun mage pour la pratiquer !
Comprenant qu’elle ne parviendrait à aucune déduction, dans l’immédiat, elle laissa de côté ce phénomène pour s’occuper de la priorité : savoir où elle se trouvait.
L’adolescente réalisa alors qu’on lui avait ôté sa robe et qu’elle portait maintenant une tunique courte et un pantalon collant. Elle reconnu la mode vestimentaire des Lys, et se demanda ce qu’elle faisait dans le village de la famille de sa mère. En regardant plus attentivement autour d’elle, la jeune Elfe découvrit quelques objets qui lui firent penser qu’elle se trouvait dans l’habitation de sa cousine, Maïly. Un berceau était installé dans un coin de la grande pièce . Lentement, la jeune fille se leva, s’étira, et se dirigea vers la porte.
Elle n’eut pas le temps de sortir qu’une jeune femme brune arriva en courant et, la voyant, la pris dans ses bras :
- Nalia, que fais-tu debout ! Et ton bras ! J’étais partie chercher un médecin, va te recoucher tout de suite, tu saigne beaucoup !
- Mais non, Maï, je n’ai plus rien, regarde ! protesta Nalia en s’arrachant à l’étreinte de sa cousine. Pour lui prouver ses dires, elle lui montra son bras, et, avisant un espace dégagé dans l’abris, fit la roue.
La femme, n’en revenant pas, ne put que balbutier :
- Ca… ça alors… Co… comment as-tu ? ? ?…
Pour toute réponse Nalia haussa les épaules et changea de sujet. Elle n’avait pas envie de révéler ce qui s’était produit.
- Que s’est-il passé, sur le pont, je suis tombée dans l’eau, mais ensuite ?
- Ton ami Jonaco a plongé du haut de l’arbre (c’était vraiment de la folie !), et il a essayé de te ramener sur la rive. Mais il ne pouvait rien faire contre le courant. Heureusement pour vous, les Lys possèdent un port sur l’Argentin, et j’avais envoyé Nesso et Serinio pêcher. Ils sont passés avec leur bateau juste au moment où Jonaco allait se noyer, et toi avec. Ils vous ont ramené, toi inconsciente, ton frère et Ilfy éplorés et Jonaco complètement trempé, au Village. Nous t’avons déposée dans l’habitation et étions en train de chercher le guérisseur, mon père, quand je suis revenue. Et là, je t’ai retrouvée en pleine forme.
- Vous m’avez peut-être fait boire quelque chose…
- Une simple tisane de camomille. Tu ne va pas me faire croire que la camomille peut guérir en deux minutes ?
- Non, je ne dis pas ça… se défendit la jeune fille. J’essaie simplement de comprendre, mentit-elle.
Elle avait en fait parfaitement compris ce qui se passait : elle pouvait faire des choses que personne à part elle ne savait faire. Nalia se sentait fière mais en même temps un peu effrayée. Elle demanda à sa cousine :
- Où est Nesso ? Et Serinio ?
- Mon petit frère doit être sur la plate-forme, il attend de tes nouvelles. Serinio est parti remettre le bateau au port.
- Et les autres ?
- Chez mes parents, ils attendent mon père, qui est guérisseur, je vais aller leur dire de te rejoindre.
Nalia remercia et, après avoir assuré à sa cousine qu’elle allait bien, elle monta à l’arbre le plus proche sous son regard inquiet pour rejoindre son cousin. En arrivant en haut, elle trouva le jeune garçon assis en tailleur, de dos, occupé à évider un morceau de bois circulaire pour faire un gobelet. Quand il entendit sa cousine approcher, Nesso se retourna et, se levant précipitamment, aida la jeune fille à se hisser sur la plate-forme. Il la fit assoire et l’examina, stupéfait :
- Nalia.. Ton… ton bras. Il est guérit !
- Oui… En fait.. il s’est passé quelque chose…
Elle raconta son histoire au jeune garçon, qui l’écouta patiemment. Nalia faisait confiance à son cousin et savait qu’il la prendrait au sérieux.
- C’est incroyable… murmura-t-il. Je savais que tu était extraordinaire, mais pas à ce point.
- Tu ne dis rien à personne ! supplia la princesse.
- Bien sûr que non ! se défendit son cousin en secouant la tête de droite à gauche pour appuyer sa promesse.
Ils furent interrompus par l’arrivée précipitée des jumeaux, suivis de Kimélian. Tous trois s’extasièrent sur la guérison de Nalia et, quand ils l’interrogèrent, la jeune fille déclara qu’elle en ignorait les raisons. Ilféna, qui connaissait la jeune fille depuis la naissance, remarqua une étrange lueur dans les yeux couleur d’océan orageux de son amie. Mais elle s’abstint de tous commentaire car, si elle connaissait Nalia, elle savait ne pas provoquer sa colère, souvent due à une trop grande susceptibilité. Elle préféra attendre. D’ordinaire, la princesse venait se confier d’elle même et, après tous les évènements de la journée, elle n’avait pas le courage de l’interroger, sachant d’ailleurs que Nalia ne dirait rien. Jonaco, qui était moins proche de la princesse que sa sœur, ouvrit la bouche pour poser une question, mais fut arrêté juste à temps par Ilféna, qui venait de lui administrer un coup de pied dans la cheville. Ils échangèrent un regard, tous deux réprobateurs, et semblèrent se mettre d’accord. Le petit Kimélian, quand à lui, était trop timide pour dire quoi que ce soi. Il s’était assis dans un coin, adossé à un tronc d’arbre, et s’était endormit. Nesso s’exclama soudain :
- Eh ! Nalia, tu ne m’a pas présenté tes amis, ils ne sont jamais venus aux Lys.
- Bien sûr ! Je le fait tout de suite ! répondit la jeune fille pendant qu’ils se levaient tous les quatre. Nesso, voici Jonaco des Ajoncs, le frère d’Ilféna, le fils de Solatia des Trois Grottes et de Rolonan des Ajoncs. Jonaco est célèbre pour les histoires qu’il invente et est promit à un bel avenir de conteur. Voici Ilféna, sœur jumelle de Jonaco, célèbre pour ses paniers tressés. Ilfy est ma meilleure amie.
Nesso et Ilféna échangèrent un sourire. La fille devint écarlate et le jeune garçon passa nerveusement une main dans ses cheveux blond foncés et un éclair amusé s’attarda dans ses grands yeux bleus, tous pareil à ceux de sa cousine. Nalia remarqua la réaction de ses amis et décida de continuer. Elle se tourna vers les jumeaux et continua :
- Ilféna, Jonaco, voici Nesso des Lys, le frère de Maïly, la femme de Sérinio du Pic. Nesso est le fils d’ Elany et de Marolio des Lys. C’est le cousin du roi, alors évitez de l’énerver ! termina-t-elle en souriant.
Après les présentations, les quatre adolescents finirent par se rassoire et discutèrent des évènements, et quand Nalia réclama des éclaircissements, elle sourit à Jonaco et le remercia chaudement.
- Comme dit Maïly, c’était une folie, mais je t’en suis tout de même très reconnaissante ! déclara-t-elle en souriant, ce qui la faisait rayonner de beauté. Jonaco haussa les épaules et rougit. Personne ne pouvait être insensible au charme éclatant de Nalia, et surtout pas quelqu’un qui la fréquentait tous les jours. Ilféna avait souvent taquiné son frère sur les sentiments qu’il éprouvait pour la jeune fille, et il avait beau démentir,
tout le monde savait qu’Ilféna ne se trompait pas. Nalia ne semblait rien remarquer, ou du moins elle n’y faisait pas attention.
Au bout d’un moment, comme il commençait à faire nuit, les quatre jeunes Elfes finirent par redescendre, laissant Kimélian dormir tranquillement, pelotonné dans un manteau que Nesso avait posé sur ses épaules.
Ils regagnèrent l’abris, où Maïly, Sérinio, et les parents de la jeune femme, Elany et Marolio, était assis autour d’un feu, commentant la guérison soudaine de Nalia. Quand les jumeaux eurent été présentés, et que la princesse eut salué la famille, la discussion tourna encore pendant un moment autour de la jeune fille, qui déclara :
- Quand je me suis réveillée, je n’avais plus mal du tout, et je n’étais pas blessée !
Les autres s’étonnèrent, tentèrent d’expliquer, pendant que Nalia et Nesso, assis l’un a côté de l’autre, échangeaient des confidences à voix basse.
- Quoi Figure-toi que Norian voulait me fiancer !
- ? A qui ? demanda Nesso, étonné et amusé. Il se doutait bien que, si Nalia était aux Lys, c’est qu’elle avait réussi à empêcher son frère de l’envoyer dans un autre royaume .
Nalia lui conta le moment où elle était entrée en fureur dans la cabane du conseil. Nesso se mit à rire aux larmes pendant que la princesse narrait les évènements.
Les autres remarquèrent l’hilarité du jeune homme et Sérinio réclama en souriant :
- Nalia, raconte nous ce qui fait tant rire ton cousin !
La demande fut approuvée et Nalia se fit un devoir de tout raconter, dans les moindres détails, s’appliquant à ne pas enjoliver la situation. Elle n’avait pas le talent de conteur de Jonaco, mais l’évènement produisit l’effet escompté :tout le monde se mit à rire. Les jumeaux ajoutèrent leurs témoignages, et racontèrent quelques autres anecdotes qui firent rougir Nalia, car il était souvent question de sa susceptibilité, qui était presque légendaire.
Un cri retentit à l’endroit où Nalia avait aperçut un berceau en se réveillant. C’était en fait une petite nacelle de feuille, assez profonde, sur laquelle on avait posés des couvertures et des drap, pour former un cocon. Maïly se leva en souriant, et revint peu après en portant une forme qui bougeait doucement. Elle tint un moment le bébé dans ses mains et déclara :
- Nalia, Jonaco, Ilféna, je vous présente Lyssy, ma fille.
Sérinio sourit avec fierté et, quand Maïly se rassit, il lui passa un bras autour des épaules et s’amusa à faire bouger son doigt devant le visage de la petite fille, qui essayait de l’attraper en éclatant de rire.
- Quel âge a-t-elle ? interrogea Nalia en caressant du bout des doigt le duvet blond qui commençait déjà à pousser sur la tête du bébé. La petite la dévisagea en souriant, puis son attention retourna à son père, qui venait de la prendre dans ses bras.
- Elle vient d’avoir trois mois, expliqua Elany à la place de sa fille.
- Elle est grande ! murmura Ilféna. Elle examina de nouveau le bébé, puis la jeune mère
- , et finit par déclarer : elle te ressemble, Maïly.
- C’est vrai, renchérit Nalia, elle a les même cheveux blonds et la même fossette au menton, Maï. Par contre, ses yeux serons verts comme ceux de Sérinio.
Etonnée, la jeune mère demanda des explications :
- C’est simple, regarde, pour l’instant, elle a les yeux gris, comme tous les bébés. Mais il y a déjà des petits points verts, presque invisible. Il faut juste savoir où chercher.
Maïly regarda son enfant, déclara en riant que sa cousine avait raison. Elle demanda :
- Ca marche avec tous les petits ?
- Pas forcément, certains gardent les yeux pers toute leur vie, et on ne peut pas le savoir. Il arrive aussi que la couleur de leur regard change au cours de la croissance.
- Comme moi, intervint Marolio. J’avais les yeux bleus, comme Nesso, mais maintenant, les voilà gris clairs.
- Kim aussi est comme ça. Il devait avoir les yeux verts, maintenant, ils sont noisettes.
- Il dort encore ? interrogea Sérinio en regardant autour de lui, espérant voire arriver le petit garçon.
- Je pense que oui. Laissons le se reposer, il a bien marché, aujourd’hui.
- Il risque d’avoir froid. Les nuits sont fraîches, ici, plus qu’aux Ajoncs. Ce doit être l’influence des montagnes, à l’ouest.
- Je vais lui donner une couverture, alors. Il ne voudra sûrement pas bouger! décida Nalia en se levant. Elle sortit de l’abris, attrapant au passage une couverture de laine qui était pliée près de l’entrée.

Deux silhouettes nageaient dans l’Argentin. Il faisait nuit, et les écailles qui couvraient leurs jambes reflétaient la douce clarté des étoiles. Les deux personnes sortirent de l’eau et commencèrent prudemment à avancer. Leurs pieds humides produisaient à chaque pas des sons mats qu’elles ne pouvaient éviter, mais, abstraction faite de cela, elles étaient totalement silencieuses.
- Tu est sure que c’est ici ? demanda une voix masculine à l’intention de la deuxième silhouette, plus petite et plus mince.
- Oui, me suis-je trompée une seule fois depuis que nous la cherchons ? répondit la jeune fille, légèrement irritée.
- Excuse moi. Mais il ne faut pas se tromper. Et tu dois la ramener vivante.
- Je n’utiliserais la force qu’en cas de nécessité.
- Il ne faut pas être violente, elle ne doit pas être blessée, rappela l’homme.
La fille se retourna et lâcha :
- Qui a demandé que l’on me confie cette mission ?
- Le roi, ton père.
- C’est qu’il me jugeait capable de m’en charger toute seule. En t’attachant à mes pas, tu n’a fait que me compliquer la tâche ! Alors, maintenant, retourne au palais, et laisse moi faire !
La voix s’était faite plus sèche, menaçante, et l’homme sembla reculer d’un pas, puis d’un autre. Il murmura :
- Petite vipère, je te ferais payer tes paroles. Ce n’est pas en m’écartant de ton chemin que tu vas empêcher le destin de se faire !
- Je sais depuis le début qui tu es, et ne t’inquiète pas, je saurais le prouver ! répliqua la jeune fille en pointant vers l’homme un index accusateur.
L’homme, en rage, se jeta sur elle. Il la saisit par les épaules, la plaqua sur le sol et la regarda dans les yeux. Il remarqua que la jeune fille, tombée sur une pierre, portait une méchante entaille sur la joue. Il en fut presque heureux.
- Et maintenant, murmura-t-il, tu va regretter de m’avoir rencontré.
Il se prépara à donner le coup fatal, mais il avait sous-estimé la force de l’adolescente. Celle-ci, profitant de son moment de concentration, le repoussa brutalement, et, avant qu’il put faire le moindre geste, se remit debout. Tout en se relevant, elle saisit la dague qu’elle portait autour de la taille. L’homme se releva, mais avant qu’il n’ai put s’armer, le poignard s’enfonçait déjà en lui, et atteignit le cœur. Le visage de la jeune fille, éclairé par les étoiles, c’était durcit. Mais il ne montrait pas la moindre émotion. Juste de la détermination. L’homme s’affala, tomba à genoux. Une expression de douleur passa sur son visage, faisant rapidement place à de la haine. Juste avant de tomber à la renverse, il murmura :
- Tu va payer…
La jeune fille haussa les épaules, et, quelques instant plus tard, laissant là le corps de l’homme, elle repartit d’un pas égal, silencieusement, comme si il ne s’était rien passé.
Nalia grimpa rapidement jusqu’à la plate forme qui surplombait l’abris de sa cousine, et arriva bientôt à la construction. Là, elle chercha partout, mais l’évidence la frappa bientôt : pas de Kimélian. La jeune fille ne s’inquiéta pas pour autant : « il a dû se réveiller et est partit se promener. Je vais le chercher, il ne dois pas être loin. »
Elle s’éloigna rapidement des abris, marcha un moment, mais elle ne pouvait pas chercher son frère dans le noir. Elle haussa les épaules, murmura : il finira bien par rentrer, de toute façon, à dix ans, il n’a plus besoin que je le garde. Le cœur brusquement serré par l’inquiétude, la princesse chercha à se raisonner : « Allons, Nalia, il ne peut rien lui arriver ! ». Pas tout à fait tranquille pour autant, la jeune fille regagna l’habitation.
- Où est-il ? interrogea Elany, la tante de la princesse.
- Kim n’est pas sur la plate-forme, il est sûrement allé se promener. De toute façon, il trouvera facilement son chemin, expliqua Nalia en haussant les épaules.
Serinio, qui aidait sa femme à préparer le repas, déclara que si Kim n’était pas revenu avant qu’ils ne mangent, il faudrait aller le chercher. Les quatre enfants distribuèrent des bols et des assiettes en bois, ainsi que des couverts en métal. Au bout d’un moment, alors qu’ils allaient se mettre à table, Nalia, dont le sentiment d’inquiétude s’était amplifié, murmura :
- Je prends une torche et je vais le chercher.
Elle courut dehors, contourna l’abris et découvrit la réserve de bois que Sérinio avait coupé pendant l’été. La jeune fille trouva rapidement une branche longue et assez épaisse. Elle retourna chez sa cousine et approcha le bâton du feu qui brûlait dans le foyer, à peu près au centre de l’habitation. La torche s’enflamma rapidement et Nalia partit à la recherche de son frère. Elle tourna d’abord autour des habitation, entra même dans une demeure pour interroger les habitants. Elle s’éloigna de la clairière qui abritait le village, suivit un sentier qui partait de derrière l’abris de sa cousine et qui, vraisemblablement, menait au Petit Flot, un affluent de l’Argentin qui, comme lui, prenait sa source dans les profondeurs du Pic aux Violettes.
Elle arriva, comme prévu, au cours d’eau et commençait à le longer quand elle entendit des pleurs, venant des fourrés qui bordaient le ruisseaux. Sans hésiter, elle pénétra dans la végétation touffues, se frayant un passage entre les ronces, les orties, et les quelques arbres qui trouvaient la place de pousser parmi ce fouillis de végétaux. Nalia sentit bientôt une odeur de fumée. Elle crut d’abord à un incendie, puis entrevit une forme sombre allongée entre les broussailles. Elle entendit ensuite une voix féminine, grave, un peu rauque, qui parlait dans une langue étrange, gutturale.
- Ne t’inquiète pas, ce n’est pas grave, je vais te soigner...
Nalia sursauta : elle entendait que cette langue n’était pas de l’Elfique du royaume de l’Est, qui était également parlé au nord. Et la jeune fille, qui comprenait parfaitement la seconde langue Elfique, employée sur l’autre continent, savait que ce n’était pas cela non plus. Pourtant, à part les Elfes, il n’existait aucune autre espèce capable de parler ! De temps en temps, on ignorait pourquoi et comment, des Trolls faisaient leur apparition, mais la voix qu’elle entendait ne pouvait appartenir à l’un de ces monstres ! Elle émettait des sons trop recherchée et des phrases trop correctes grammaticalement, pour venir d’une créature qui ne savait dire que des phrases simples, dans lesquelles on trouvait souvent des insultes ou des grossièreté en tous genres. Et le plus surprenant, c’est que, malgré sa provenance étrange, Nalia COMPRENAIT cette langue. Non pas qu’elle devinait le sens des paroles, mais elle pouvait donner, pour chaque mot, l’équivalent Elfique. La jeune fille se mit à appeler :
- Kim ! Kimélian, où es-tu ? Kim, réponds moi !
Elle attendit un moment, puis une voix étouffée par des sanglots lui répondit :
- Nalia ! Viens vite !
La jeune fille se mit à courir vers la forme sombre qu’elle avait vue tout à l’heure et découvrit son petit frère, allongé, la jambe droite bizarrement tordue sur le côté. Nalia ne perdit pas de temps à diagnostiquer la blessure, quelqu’un l’avait déjà fait à sa place. Une jeune fille blonde, plutôt petite, était agenouillée près du feu et apparemment, préparait un remède dans un bol qui était posé sur un tréteau au dessus des flammes. Elle ne fit pas attention à Nalia jusqu’au moment où celle-ci demanda :
- Qu’est-il arrivé à Kim ?
L’autre se retourna et la princesse ne put retenir un cri de stupeur : son interlocutrice n’était pas une Elfe !
Elle n’avait pas les oreilles pointues, ce qui était le premier signe distinctif pour le peuple de Nalia. Une profonde plaie en voie de cicatrisation ornait sa joue, rendant son petit visage sévère et dur. Elle avait le teint mat, et en comparaison, Nalia, qui était plutôt bronzée, paraissait pâle. C’est vrai qu’elle l’était devenue, en voyant les traits surprenants de l’étrangère. Elle avait les yeux obliques, rappelant à Nalia un serpent apprivoisé que lui avait montré son ami, Moraqan, le prince du Sud ; le frère de Kanroen. De grands yeux d’un vert étincelant, tel deux émeraudes, avec de drôle de petites touches tirant vers le jaune, qui fixaient Nalia avec une calme assurance, ce qui les faisait de plus en plus ressembler à ceux du reptile de Moraqan. D’abord choquée par le regard de l’autre, Nalia remarqua que l’étrangère était plus petite qu’elle et pourtant, elle semblait un peu plus âgée. Elle avait le visage fin, le menton pointu, et des traits sévères, qui faisait penser qu’elle était beaucoup plus vieille et sage que son apparence le laissait deviner. Elle portait une chemise sans manche, dans une matière brune assez grossière avec un profond décolleté fermé à l’aide de lanières grises entrecroisée, ainsi qu’une jupe courte, de la même matière marron, fendue sur les deux côté et maintenue par les mêmes cordelettes grises. A sa ceinture pendait une dague fine protégée par un étui simple, sans aucune décoration, ainsi qu’une gourde pareille à celle qu’utilisaient les Elfes pendant leurs voyage. Nalia en possédait une elle même. L’étrangère allait pieds nus, et cela ne semblait pas la gêner. Ses vêtement, qui, à coté de ceux de Nalia, semblaient pauvres, formaient un grand contraste avec le médaillon de cristal , soigneusement sculpté selon un motif compliqué qu’elle portait autour du coup et sur lequel était marqué, dans de drôles de caractères : Jadeïla-Marsola L’Elfe, découvrit qu’elle maîtrisait parfaitement les symboles et qu’elle les lisait sans aucune difficulté, alors qu’ils étaient bien différents de l’alphabet Elfique. Nalia repris lentement ses esprits et répéta sa question. L’autre soupira avant de répondre, abandonnant cette fois son drôle de langage pour utiliser la langue de Nalia. Elle la parlait bien, mais avait un curieux accent. Elle avalait certaines syllabes, en accentuait d’autres et roulait les –r-.
- Ton frrèrre s’est frracturré une jambe en tombant d’un arrbrre.
- Mais, c’est impossible, les Elfes ne chutent jamais !
- Ton frrère est tombé. Un point c’est tout. Laisse moi le soigner !
L’ordre était si autoritaire que Nalia recula d’un pas, et finalement, alla s’agenouiller près de son frère. Elle lui prit la main pour le rassurer et caressa ses cheveux humides de sueur. Kimélian ne bougea pas, mais gémit de douleur.
- Mon pauvre Kim…
Nalia se tourna vers l’autre jeune fille, la regardant s’affairer autour du feu. Elle avait fait chauffer de l’eau dans un bol et y versait divers produit que Nalia ne pouvait identifier. Puis, l’étrangère attrapa un sac marron, à bandoulière qui traînait à côté d’elle et fouilla un moment à l’intérieur. Elle en retira plusieurs rouleaux de tissus blanc.
« On dirait qu’elle a tout prévu. », songea Nalia. Elle se raisonna. L’étrangère, aussi bizarre soit-elle, ne pouvait pas savoir ce qui allait ce passer. Elle était juste arrivée au bon moment pour soigner Kim, et elle devait avoir l’habitude de guérir. Nalia elle-même emportait toujours un petit sac où ranger son matériel. L ‘autre trempa un moment le tissus dans le liquide qu’elle venait d’obtenir. Nalia, qui connaissait cette méthode, allait lui proposer de l’aider, mais se ravisa. Elle semblait pouvoir se débrouiller seule. Pourtant, quand l’étrangère s’approcha de son frère, la princesse eut un mouvement protecteur. Mais la fille foudroya l’ Elfe du regard, et celle-ci dû reculer, hypnotisé par son regard si expressif.
La drôle de fille s’occupa de bander soigneusement la jambe de Kimélian, et voulut lui faire boire le reste de la décoction. Nalia s’interposa, et pour la première fois, vit l’autre sourire. L’étrangère lui tendit le bol. La princesse renifla, but une gorgée. Elle reconnut le goût de diverse plantes apaisantes et anti-douleur, hocha la tête : l’autre s’y connaissait. Elle fit boire elle-même le breuvage à Kimélian, qui s’endormit paisiblement. Nalia ausculta son frère, et, rassurée, décida de poser quelques questions.
- Qui êtes vous, d’où venez-vous ? demanda-t-elle.
Elle sursauta. Elle n’avait pas parlé en Elfique, mais dans la langue gutturale qu’utilisait l’autre fille. Voyant son air mi-surpris, mi-apeuré, l’autre ébaucha un sourire et déclara :
- Je m’appelle… Non, finalement, tu n’as pas à le savoir. Elle cacha rapidement son pendentif dans le col de son gilet et continua :
- Je peux tout de même répondre à l’autre question. Je viens d’un endroit lointain et proche à la fois.
- Mais… mais ça n’a pas de sens ! balbutia Nalia.
L’autre la fusilla du regard :
- Si tu ne m’avais pas posé la question, je n’y aurais pas répondu ! Et de toute façon, tu auras des renseignements en temps voulu ! Tu est promise à une grande destinée, Nalia.
Elle soupira et, ne faisant plus attention à l’ Elfe, elle se détourna pour inspecter une nouvelle fois son patient. Elle sourit et déclara :
- Ton frère vas mieux, il faut que tu ailles chercher quelqu’un pour le transporter. Je resterais là pour le surveiller.
- Mais… commença Nalia, qui ne pouvait se résoudre à abandonner son frère au main d’une inconnue, surtout quelqu’un qui n’appartenait pas à son peuple.
L’inconnue laissa échapper un petit rire et murmura :
- Tu n’as pas à t’inquiéter. Si je voulais lui faire mal, je l’aurais fait depuis longtemps, et je ne l’aurais pas soigné ensuite.
Mais, tout en disant cela, une lueur passa dans les yeux verts-jaune de la jeune fille. Nalia ne put discerner clairement ce qu’elle signifiait. Elle n’eut pas le temps d’y réfléchir. Un nouveau regard impérieux de l’étrangère la fit reculer. Elle tenta de résister, ce qui fit de nouveau rire l’inconnue.
- Bientôt, dit-elle en ramassant ses affaires éparpillée autour du feu, bientôt, Nalia, tu pourras soutenir ce regard qui te fait si peur. Tu seras même en mesure de me détruire. Mais j’espère que cela ne te tentera pas. Va, maintenant. Retourne au village, je veille sur ton frère.
Nalia, ne se posant même pas la question de comment l’étrangère avait-elle sut son nom, se retourna et partit en courant. Une fois encore, elle bénit sa rapidité et son endurance hors du commun, qui lui permirent d’arriver au village quelques minutes seulement après son départ des buissons près de la rivière. Elle entra en trombe dans l’abris de Maïly, et bientôt, Sérinio et Nesso partirent avec elle vers la berge du Petit Flot. La jeune fille les guida vers les broussailles et ils finirent par retrouver Kimélian, allongé sur un brancard rudimentaire, fabriqué à partir de bandes de tissus solidement fixées à deux longues branches. Sérinio examina Kimélian, qui dormait paisiblement et déclara :
- Tu as fait du bon travail, Nalia. Il ne reste plus qu’à le porter à l’habitation.
Nalia rougit, mais ne démentit pas. A la limite, le fait que les deux autres croient que c’était elle qui avait soigné Kim facilitait les chose. Elle n’aurait pas à parler de l’inconnue et de ses prétendus pouvoirs. « Tu est promise à une grande destinée ». De quoi voulait-elle parler ? Et pourquoi voulait-elle cacher son identité ? Elle était tellement étrange, qu’il fallait sûrement la croire. Elle avait elle même avoué qu’elle n’était pas du genre Elfique. Tout en marchant à côté de son cousin, qui portait le brancard avec l’aide de Sérinio, Nalia réfléchissait. Depuis quelques jours, il s’était passé plusieurs choses étrange qu’elle ne pouvait pas expliquer, autrement que par la magie. Et les mages avaient disparut depuis la Grande Catastrophe. Elle songea soudain, par association de pensée, à l’avant-veille, quand elle s’était énervée contre les conseillers de Norian, et qu’elle avait prononcé le mot « automate ». En un éclair, elle sut ce que ce mot voulait dire, alors qu’elle n’avait jamais vu ce qu’il désignait. Il n’appartenait pas à la langue de l’étrangère qui avait soigné Kim. Elle ne pouvait pas dire d’où venait ce mot, ni comment elle l’avait prononcé. Abandonnant là ces réflexions, elle aida sa cousine à allonger le blessé sur un hamac. Kimélian dormait toujours et la princesse crût un moment que la potion que lui avait administré l’étrangère était trop forte. Mais les battement du cœur de son frère la rassurèrent. Tout était normal. Le malade devait se reposer . Elle soupira et, quand les autres l’invitèrent à les rejoindre pour se restaurer, elle refusa poliment et alla se coucher. Elle était trop fatiguée pour parler, et malgré le fait qu’elle n’avait rien avalé depuis le midi, elle s’endormit rapidement, épuisée. Mais, bizarrement, elle ne rêva pas de ses parents, ni du tremblement de terre. Sa nuit fut peuplé de signes, d’inscriptions étranges, de mots et de sons qu’elle ne connaissait pas, et pourtant qu’elle comprenait. Puis, tout à la fin, une image étrange : une immense étendue couverte de livres, de milliers de livres. Des grands, des petits ; des minces, des larges, de simples accumulations de feuilles volantes, de magnifiques ouvrages de parchemin reliés d’or… Soudain, les livres s’ouvrirent, et commencèrent à se couvrire d’écriture à l’encre rouge, qui traçait à toute vitesse des caractères dans des milliers de langage. Et elle se vit, elle, Nalia, en train d’effacer les symboles à l’aide d’un morceau de parchemin brillant de mille feux, pour en réécrire d’autre, à l’encre verte, la couleur de l’espoir.
La princesse ouvrit les yeux. Elle cligna plusieurs fois des paupières, se redressa sur les coudes. Une fois bien réveillée, elle enjamba précautionneusement les corps endormis des autres occupants de l’abris, s’approcha silencieusement de la couche de Kimélian. Cela faisait maintenant trois jours qu’il était tombé et Nalia avait décidé de rester jusqu’à ce que son frère aille mieux. Puis, elle reprendrait son voyage et Kim resterais aux Lys, sous la surveillance de Maïly, qui l’hébergerait. Les deux jeunes femmes en avaient discuté deux jours auparavant, devant un bol d’infusion, alors que les autres étaient déjà partis se coucher. Nalia aurait voulut repartir tout de suite, mais elle se devait de rester près de son frère. Et de toute façon, sa cousine lui avait ordonné en riant de rester dans le Village pour se reposer, elle aussi, car depuis l’accident du pont, Nalia portait de grands cernes et paraissait souvent endormie, rêveuse. Souvent, elle n’écoutait pas les conversations, et ne répondait pas aux questions. La princesse, pourtant, se sentait parfaitement bien, et même plus en forme que d’habitude. Néanmoins ses nuits étaient peuplées de rêves, où apparaissait souvent la jeune fille étrangère qui avait soigné Kim. Et souvent, ses songes s’achevaient par l’image, envoûtante, d’une immense étendue plane, où tout était noyés dans une magnifique lumière blanche, et dans laquelle étaient entassés des milliers, des milliards de manuscrits écrit en une multitude de langues étranges. Nalia n’en parlait à personne. Ilféna serait incapable de comprendre, elle était bien trop terre-à-terre. Elle ne se sentait pas assez proche de Jonaco pour lui dévoiler quoi que ce soit. La jeune Elfe n’osait pas non plus en discuter avec son cousin ou une quelconque personne de son entourage. Depuis la chute de Kim, elle était devenue très secrète, elle qui, auparavant n’arrivait jamais à garder pour elle les propos confidentiels. Ses amis semblaient s’accommoder de sa conduite solitaire, mais, pendant ses longues absence, ils n’hésitaient pas à se faire part de leurs inquiétudes. Pour l’instant, la jeune fille, après avoir ausculté son frère, s’habillait rapidement. Elle emprunta une tunique courte rehaussée de perles bleues à Maïly, et un pantalons moulant que sa cousine avait recoupé à sa taille, durant sa dernière visite, six mois avant. Il était devenu un peu petit depuis, mais elle s’en accommoderait.
Nalia se dirigea ensuite à l’extrémité de l’habitation, en face de l’espace occupé par les dormeur. Elle ramassa son sac, le plaça sur son épaule et sortit rapidement de la maison de sa cousine. Il faisait à peine jour. La jeune fille suivit le sentier qu’elle avait emprunté, quelques jours plus tôt, alors qu’elle se lançait à la recherche de son petit frère. Elle arriva sur la berge de la petite rivière et déposa ses affaires contre un arbre. Elle se déshabilla rapidement et entra d’un coup dans l’eau. Elle poussa un petit cri en sentant la fraîcheur du liquide lui glacer les membres. Elle sortit précipitamment de l’eau en claquant dents et alla s’allonger au soleil pour se sécher. Un grand rire moqueur retentit. Nalia se retourna et aperçut son amie Ilféna, perchée en haut de l’arbre près duquel la princesse avait déposé son sac.
- Que fais-tu là ? interrogea la princesse, soudain devenue rouge. La jeune fille descendit souplement du grand frêne et fut bientôt rejointe par Nesso, qui souriait malicieusement. Nalia se sentit rougir jusqu’à la pointe de ses oreilles pointues, et elle attrapa vivement une peau de mouton qu’elle avait apporté pour se sécher. Elle s’enroula dedans pour cacher sa nudité, et écouta Ilféna s’expliquer :
- Nous étions tous inquiets pour toi. Tu es devenue si distante ! Nesso est venue me réveiller dès qu’il s’est aperçut que tu t’était levée, et nous t’avons suivie. Si je n’avais pas rit, tu ne l’aurais pas sut… termina-t-elle en baissant la tête, confuse.
- Je vais très bien ! répliqua sèchement Nalia. Et maintenant, si vous voulez bien me laisser…
Elle écarta vivement les deux autres, se rhabilla à toute vitesse et repartit vers les habitations. Elle y déposa ses affaires de toilette, attrapa sur la table un morceau de pain et du fromage qui restaient du repas du matin , les fourra dans son baluchon, et prit son arc, qu’elle portait toujours sur elle lors de ses randonnées, par dessus son sac à bandoulière. Elle remplit sa gourde dehors, à une citerne en bois qui recueillait la pluie. Ainsi parée, elle se mit à marcher. Elle adorait faire des randonnées, avec son frère ou ses parents, mais depuis quelques temps, elle préférait marcher seule, plongée dans ses pensées. Depuis la mort de ses parents, maintenant trois semaines plus tôt, elle était partie une ou deux fois seule, pendant plusieurs jours. Personne ne l’en avait empêché, et de toute façon, s’aurait été impossible de dissuader Nalia de s’isoler. Elle était alors libre de ses mouvements, et son petit arc subvenait largement à ses besoins . Elle dormait à la belle étoile, dans un arbre, suspendue à un harnais de son invention. Ces périodes d’isolement lui avait permis de réfléchir, de faire le point, de se détendre et de ne plus ruminer son chagrin. Au début, elle avait eut peur d’oublier ses parents, de ne plus les aimer. Elle avait appris, au cours de ses longues marches, à continuer à vivre sans eux, à ne pas chercher sans cesse à savoir où ils se trouvaient… Et surtout à ne pas se sentir coupable. Car, même si ce n’était pas sa faute, la jeune fille se disait sans cesse : « j’aurais du les aider, rester avec eux… ». Mais elle s’était raisonnée, avait réussis à accepter ce qui s’était passé, ceci surtout grâce à sa force de caractère. Pour Norian, ses responsabilités de roi l’avaient tout de suite accaparé, et il n’avait, ou ne semblait pas avoir eut le temps d’être triste. Beaucoup de personnes s’était inquiétées pour Kim, qui ne semblait pas s’être remis de l’accident. Il était devenus maigre et pâle, ne s’alimentait plus correctement, et surtout, restait silencieux toute la journée. Cela n’aurait pas surpris les gens, si le frère de Nalia avait été plutôt timide, mais d’ordinaire, Kim était une vraie pipelette, et rien ne pouvait l’empêcher de parler. Il n’y avait que lorsqu’il était seul avec sa sœur que le petit se déridait . Et encore, c’était plutôt Nalia qui faisait la conversation, le garçon se contentant de répondre par monosyllabes aux questions, et à hocher la tête pour manifester son mécontentement.
Donc, Nalia se déplaçait rapidement à travers la végétation, et ne tarda pas à sortir du bois pour se retrouver dans un terrain nu, entre l’ Argentin, qui traversait la forêt dans sa longueur, et le Bois Aux Trois Ruisseaux. En voyant le soleil, qui était à son point le plus haut, et cédant aux supplications de son ventre qui réclamait quelque chose à digérer, elle s’assit pour manger. Quand elle eut finit, elle inspecta les herbes médicinales qu’elle avait cueillit en chemin, les rangea dans une poche spéciale, au fond de son sac, et repartit en sifflotant. Elle se promena un moment à travers le bois, et finalement, voyant que le soir ne tarderais pas à tomber, elle prit le chemin de retour. Elle marchait sur un étroit sentier bordé de buissons et d’un entrelacs de plantes grimpantes et d’orties. Soudain, elle se retourna, tous les sens aux aguets. Le bruit qu’elle venait d’entendre ne ressemblait en rien aux cris habituels des oiseaux, où aux autres sons de la forêt. D’ailleurs, tout était devenu totalement silencieux. La jeune fille tendit lentement le bras en arrière, tâtonna dans son dos, attrapa son arc et une fine flèche empennée de longues plumes vertes. Nalia regarda un moment autour d’elle, méfiante, et finit par repartir, marchant à petits pas sur le sol jonché de feuilles rousses et dorées.
Crrr, crrr, crrr… crrr… Le bruit se faisait de plus en plus fort, de plus en plus rapide, derrière elle. La princesse banda son arc, se retourna… Et tomba nez à nez avec l’étrangère. Celle-ci recula calmement, et déclara :
- Laisse ton arc, si je voulais te faire du mal, tu serais déjà morte . N’aie pas peur…
Nalia, tremblante, baissa lentement son arme, pendant que la jeune fille, qui se trouvait maintenant à moins de deux mètres d’elle, jeta par terre la fronde qui pendait à sa ceinture et un petit sac, contenant une vingtaine de billes vertes, qui semblaient servir de projectiles.
- Que viens-tu faire ici ? interrogea Nalia, qui reprenait peu à peu son sang froid. Toi aussi, tu me suivais ?
L’autre haussa les épaules et allait se détourner, quand l’Elfe la retint par le bras et lui ordonna de répondre. L’étrangère soupira, de ce souffle mélancolique qui la faisait paraître plus âgée qu’en apparence, et dit, très vite et à voix basse, comme si elle craignait d’être entendue par quelqu’un d’autre que son interlocutrice.
- Nalia, ne me pose surtout pas de questions, je n’ai pas le droit d’y répondre. Je venais juste voir si tout allait bien. Il faut que tu fasse attention à toi. Je m’occupe du reste fais moi confiance. Ta tâche sera périlleuse, mais je veillerais à ta sécurité.
Elle soupira une nouvelle fois puis repris :
- Du moins dans ton monde…
Voyant que l’Elfe ouvrait la bouche pour parler, l’étrangère secoua vivement la main :
- Ne m’interroge pas, j’en ai déjà trop dit ! Je dois partir, on me recherche, ma présence ici est donc dangereuse pour ta vie si on me trouve à tes côtés. Je reviendrais dans quelques jours, si tout se passe bien. Ne m’attends surtout pas, continue ton voyage, et ne parle à personne de notre entrevue. Goshenar a de nombreux espions dans tous les mondes , et qui sait s’il n’y en a pas dans ton pays.
Elle regarda autour d’elle, murmura :
- Fais attention à toi, les apparences sont trompeuses !
Et, sous le regard ébahis de la princesse, l’étrangère ramassa son arme et partit en courant. Elle ne tarda pas à disparaître, s’enfonçant dans les bois. Nalia, stupéfaite, resta un moment sur place, espérant en son fort intérieur que la fille reviendrait. Puis, n’entendant plus rien d’autre que le pépiement des oiseaux et le souffle de la brise parmi les branches, elle fit demi-tour et reprit sa marche. Elle se répétait sans cesse ce que lui avait dit l’étrangère, et, pour chaque mot qu’elle avait prononcé, naissait une question dans l’esprit de l’adolescente.
« Goshenar a de nombreux espions dans tous les mondes… » Les mondes ? Quels mondes ? Les étoiles ? Non, elles n’étaient pas habitées. Sous terre ? Impossible, les dernières excavations remontant à l’Ancien Temps. La lumière se fit brusquement dans le cerveau de la jeune fille : les Temps Anciens, bien sûr ! Elle qui avait passé des heures dans la bibliothèque d’ Irmana aurait dû y penser plus tôt ! Les Légendes ! Elles expliquaient clairement la naissance d’autres mondes ! Des endroits proches et loin en même temps ! Comme l’avait expliqué la jeune fille étrangère !
Jadis il y avait plusieurs milliers d’années, alors que les Mages possédaient les secrets de l’ancienne magie, et étaient respectés, craints, et admirés tout à la fois, ils avaient ouvert des portes vers les autres mondes. D’autres peuples y prospéraient, et les échanges s’instaurèrent.
Jusqu’au jour de la Grande Catastrophe, qui avait tout ravagé. Les passages avaient été détruits, du jour au lendemain, mais personne ne s’en rendit compte. Les Elfes, trop occupés à reconstruire leur quatre royaume, ne s’en aperçurent que plus tard. Trop tard. Lorsqu’on s’était de nouveau préoccupé de l’état des passages, le temps des Mages était révolu et il ne restait plus aucun de ces illustres personnages pour restaurer les portes.
Nalia, ignorant les moqueries d’Ilféna , était persuadée que les Légendes disaient vrai, ou du mois, qu’elles contenait un fondement de vérité.
Et ce nom ? Goshenar ? Nalia, persuadée de l’avoir déjà vu, chercha dans sa mémoire la liste des ouvrages qu’elle avait lu. Dans un manuscrit ancien, qui traitait de la grande Catastrophe, elle en était sure ! Il y aurait donc un rapport avec la disparition des passages … Mais existait-il un lien avec elle ?Oui, sûrement, puisque l’étrangère lui en avait parlé. « Tu es promise à une grande destinée ». D’accord, mais laquelle ? Qu’avait à y voir la fille au yeux de serpent ? Et pourquoi elle, Nalia ? En quoi était-elle particulière ? L’Elfe se remémora sa supériorité physique, ses sens plus aiguisés que la normale, la guérison miraculeuse de son bras, sa faculté à parler d’ autres langues… Sans oublier les étranges rêves qui hantaient ses nuits… Il devait exister un rapport, mais lequel ? La jeune fille haussa les épaules. Même grâce à de savantes déductions, elle ne pourrait pas le deviner. Il lui fallait attendre une autre apparition d’ « œil de serpent », si toutefois celle-ci revenait. N’avait-elle pas dit elle-même qu’on la cherchait. Et il fallait encore qu’elle daigne répondre à ses questions… Jusqu’ici, l’étrangère n’avait fait que s’entourer de mystère, en parlant à demi-mot et en glissant des insinuations dans chaque phrase qu’elle prononçait.
La jeune fille fut tirée de sa rêverie par un appel, lancé par son cousin. Quand elle se retourna, la princesse s’aperçut que le jeune homme tenait Ilféna par la main. Malgré sa fatigue et son inquiétude, Nalia sourit et, oubliant sa rancune, s’approcha de ses amis. Ils lui apprirent que Kim allait mieux et que, si elle le désirait, la jeune fille pouvait venir dîner avec eux.
- Et.. heu… excuse nous, pour ce matin, nous étions inquiets et… balbutia Nesso.
La princesse sourit, déclara que cela n’avait pas d’importante, et tous trois s’en retournèrent en bavardant comme si de rien n’était.
Ecrit par Cassandra, le Lundi 19 Mai 2003, 10:55 dans la rubrique Textes de Cass.

Commentaires :

castor
castor
22-05-03 à 01:14

Une petite remarque vite fait.

Tu dis que Nalia à son réveil saigne abondamment. La première réaction en qu'auraient ceux qui l'ont repêchée ne devrait-il pas être de stopper l'hémorragie en posant un garrot? Et laisse-on seul quelqu'un de blessé gravement? (Remarque: On peux dire que la blessure s'est rouverte lorsqu'elle s'est réveillée)

 
JNI [ jouebeur(se) non identifié(e) ]
21-08-04 à 14:48

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JNI [ jouebeur(se) non identifié(e) ]
22-01-05 à 00:07

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